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Channel: Lignes de défense - externalisation
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Externalisation: le feu (presque) vert de Jean-Yves Le Drian aux ESSD françaises

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eclair001.pngLe lancement par le ministère de la Défense d’une nouvelle opération de sécurité intérieure a temporairement détourné l’attention médiatique des habituelles carences constatées sur les théâtres d’opérations extérieures (opex). Dix mille soldats sont désormais engagés dans Vigipirate et Sentinelle, autant qu’en opex.

Les menaces terroristes, avérées et démontrées, obligent à prolonger cette mobilisation d’effectifs et de moyens et pénalisent encore un peu plus la ressource humaine du ministère de la Défense et celle , en particulier, de l’armée de terre.

Le stress sur les ressources du ministère est donc amplifié. Se repose désormais la question endémique des capacités humaines et matérielles de nos armées. Les réponses orthodoxes à cette question ne sont plus satisfaisantes. La mutualisation a ses limites ; quant au recours aux capacités de l’Europe de la Défense, il s’avère inexorablement décevant. Les armées de la République française font désormais l’expérience de la solitude et de l’indigence que la rusticité et la débrouillardise, qualités érigées en valeurs cardinales, ne suffisent plus à palier.

L’externalisation reste une réponse stratégique qui a trop longtemps été écartée. Ce rejet, quasi idéologique, a pénalisé l’industrie française des services militaires et sécuritaires, prévenant la structuration et le renforcement d’un secteur que nos alliés et concurrents anglo-saxons ont déjà largement investi.

L’urgence de trouver des solutions à nos problèmes capacitaires a toutefois convaincu les dirigeants politiques et militaires français de réviser leurs positions.

Le chef d’état-major des armées a adopté une position, certes prudente mais très réaliste. Le ministre de la Défense vient également de réviser son approche.

Jean-Yves Le Drian, s’appuyant sur trois études dont l’une d’octobre 2014, a commandé pour juin 2015 un rapport sur "le soutien des armées par des entreprises de services de sécurité et de défense françaises". Les ESSD "sont désormais un fait économique" et une "stratégie ministérielle doit être conçue pour analyser et anticiper les conséquences d’une telle évolution".

Le rapport, confié au collège des inspecteurs généraux, ne pose plus la question de la pertinence du recours aux ESSD mais bien des conditions dans lesquelles ce recours devra s’opérer.

L’étude en cours devra comporter une typologie des domaines dans lesquels des services externalisés sont opportuns, probables, non envisagé et non envisageable. Il abordera aussi la question de la labellisation de ces sociétés capables d’intervenir aussi bien au profit du ministère de la Défense qu’à celui de clients français et étrangers.

On notera que les mandats du ministre de la Défense ne circonscrivent prématurément en rien les domaines d’action. Nulle référence au fameux "cœur de métier" par exemple, référence qui a longtemps servi de prétexte aux adversaires de l’externalisation pour bloquer toute avancée significative.

On notera aussi que les effets de cette décision ministérielle, un peu tardive parce que réclamée par les entreprises et les experts depuis une dizaine d’années, pourraient bien ne pas être intégrées dans la réactualisation de la LMP qui sera discutée par le Parlement à partir de juin.

Il n’en reste pas moins qu’une avancée stratégique, industrielle et idéologique majeure est en cours. Aux inspecteurs généraux désormais de faire preuve de clairvoyance et d’ambition ; les futurs succès militaires de nos troupes et ceux, économiques, des prestataires de services militaires et sécuritaires en dépendent largement.


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